Une Initiative Visionnaire au Service de la Gouvernance Sportive : Le Modèle SCIC dans le Football Français

En 2011, face aux défis financiers et organisationnels du Racing Club de Strasbourg, j’ai proposé une transformation audacieuse et novatrice : adopter un modèle de Société Coopérative d’Intérêt Collectif (SCIC). Ce modèle visait à rassembler les supporters, les collectivités locales, les entreprises et les salariés au sein d’une structure démocratique et participative, où chacun pourrait prendre part aux grandes décisions du club. Cette démarche avait pour ambition de garantir une gestion transparente et collective, éloignée des logiques purement mercantiles qui dominent souvent le football professionnel.

Un Contexte Local Pas Encore Mûr

Malgré un soutien initial enthousiaste de nombreux supporters et partenaires locaux, le Racing Club de Strasbourg n’a pas réussi à intégrer durablement ce modèle de gouvernance. Les résistances internes, combinées à une structure organisationnelle non préparée à une transformation aussi radicale, ont freiné la mise en œuvre de la SCIC. Cependant, cette tentative a semé une graine, ouvrant la voie à une réflexion plus large sur la gouvernance démocratique dans le football français.

Une Vision qui Fait Écho à l’Échelle Nationale

Si le projet SCIC n’a pu aboutir à Strasbourg, il a trouvé un écho favorable dans d’autres clubs en France. En 2017, le SC Bastia a adopté ce modèle, permettant aux supporters de participer directement aux décisions stratégiques. De même, le FC Sochaux, en 2023, a intégré une gouvernance participative grâce à une SCIC, consolidant les liens entre le club et sa communauté. Ces réussites témoignent de la pertinence et de la faisabilité d’une approche démocratique dans la gestion des clubs de football.

Répartition des Richesses et Création d’Emplois

L’adoption de modèles coopératifs et la redistribution des richesses dans le football professionnel offrent un potentiel considérable pour la création d’emplois. Actuellement, une grande part des revenus des clubs (estimés à 2 milliards d’euros par an en France) est absorbée par les salaires des joueurs, les transferts et les frais fixes. Une redistribution équitable de ces ressources pourrait transformer le football en un moteur d’impact social.

Exemple d’impact en France :

• Si 30 % des revenus des clubs (environ 600 millions d’euros) étaient réorientés vers des projets d’intérêt collectif, il serait possible de créer :

15 000 emplois dans des secteurs tels que la formation sportive, la rénovation d’infrastructures locales, le développement du sport féminin et handisport, et des programmes d’insertion sociale.

Potentiel européen :

• En appliquant ce principe aux 5 grands championnats européens, qui génèrent environ 30 milliards d’euros par an, la redistribution de 30 % des revenus (9 milliards d’euros) permettrait la création de près de 225 000 emplois.

Cette démarche renforcerait le rôle du football en tant qu’acteur de transformation sociale, bien au-delà de sa dimension sportive.

Un Modèle Durable pour un Football Éthique et Inclusif

Le succès du SC Bastia et du FC Sochaux montre que le modèle SCIC peut transformer la gestion des clubs en renforçant leur ancrage local et en impliquant activement les communautés. Cette approche favorise un sentiment d’appartenance, garantit une gestion plus responsable et promeut une transparence souvent absente des structures sportives traditionnelles. Elle démontre également que les clubs peuvent jouer un rôle clé dans la lutte contre les inégalités sociales, notamment par la création d’emplois et l’implication des populations locales.

Conclusion : Un Héritage Inspirant

L’expérience au Racing Club de Strasbourg, bien que partiellement infructueuse, a ouvert la voie à une transformation profonde du football français. Elle montre que des idées novatrices, même lorsqu’elles rencontrent des obstacles, peuvent avoir un impact durable et inspirer des changements positifs. Le modèle SCIC incarne une vision d’un football plus juste, transparent et inclusif. En réorientant les richesses du football professionnel, non seulement les clubs peuvent mieux répondre aux attentes de leurs communautés, mais ils peuvent aussi devenir des moteurs de création d’emplois et d’impact social, offrant une source d’inspiration pour tous ceux qui croient en une gestion éthique et communautaire du sport.

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